Agences nationales et données collaboratives : un état des lieux européen

Après l’ignorance et l’opposition, voici venu le temps du rapprochement entre les agences nationales de cartographie et les producteurs de données collaboratives, OpenStreetMap en tête. Une étude européenne nous donne quelques chiffres sur cette tendance, elle a été présentée par Ana-Maria Olteanu-Raimond lors des journées de la recherche de l’IGN.

La cartographie à l’école primaire, une pratique développée au Royaume-Uni (ici, l’école de Saint-Ninian en Écosse) qui développera peut-être une collaboration « naturelle » entre autorités et pratiques collaboratives (photo du blog de l’école https://stniniansprimary.wordpress.com/)

Menée par l’IGN et Swisstopo dans le cadre du programme de recherche européen COST, l’étude vise à évaluer le potentiel des données collaboratives et citoyennes dans la production de données de références, via l’identification des bonnes pratiques et des freins aujourd’hui identifiés.

Enquête détaillée

Une quarantaine de questionnaires ont été envoyés à différentes structures nationales qui ont donné lieu à vingt-trois réponses, émanant d’organismes ayant tous un rôle central dans la production de données topographiques de référence (mais aussi cadastrale et hydrographique pour certaines structures). Douze structures ont reconnu utiliser des données collaboratives, principalement pour l’alerte (huit pays), la détection de changement (cinq pays), la saisie de nouvelles données (trois pays), la toponymie (deux pays). Seule la Grèce utilise également les données collaboratives pour la photo-interprétation. Notons également que la Finlande semble faire un usage étendu de ces données. Qu’est-ce qui limite leur utilisation ? Les agences avancent plusieurs types d’arguments : la crainte en matière de qualité qui pourrait induire un surcoût de travail voire une baisse de la réputation des instituts officiels, la difficulté à bien évaluer les aspects légaux de cette utilisation, le manque de crédibilité des contributeurs, l’absence de garantie sur la stabilité dans le temps des communautés et, bien sûr, la peur des conséquences pour l’emploi si ces pratiques venaient à remplacer les données d’autorité.

Comment aller plus loin ?

Afin de creuser un peu plus ces freins et définir ce qui pourrait être une situation idéale, plusieurs réunions ont été organisées où chacun a pu s’exprimer et présenter ses réalisations. Ainsi, les agences ont bien compris que les pratiques collaboratives pouvaient les aider à détecter les changements et nourrir les collecteurs. Pour cela, à elles de proposer des plateformes pas trop chargées mais efficaces, d’assurer la transparence sur l’usage de ces contributions et d’animer les dispositifs en prenant en compte les différentes motivations des contributeurs. Pour améliorer la qualité des données ainsi exploitées, il y a certes de nouvelles technologies à développer mais il faudrait également entreprendre l’apprentissage de la cartographie collaborative dès le plus jeune âge. Car une chose est sûre, le mouvement n’est pas une mode et les sciences participatives vont continuer à se déployer.

 

Source : ADEC - Open data